Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/146

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ment à votre cause. Mais, par tous les saints ! j’ignore, en vérité, comment m’y prendre pour brouiller les cartes de votre adversaire. » En parlant ainsi, Salvator, qui jusque-là avait continué de peindre, déposa son pinceau, sa palette et son appui, quitta son chevalet et fit plusieurs tours dans l’atelier les bras croisés, tandis qu’Antonio absorbé avait les yeux fixés à terre.

Enfin Salvator s’arrêta devant Antonio et lui dit en souriant : « Écoutez, Antonio, je ne puis rien personnellement contre vos ennemis trop puissants, mais il y a encore quelqu’un capable de vous sauver et qui vous sauvera. C’est… signor Formica.

« Ah, fit Antonio, ne plaisantez pas avec un infortuné qui se voit privé de toute ressource.

« Allez-vous encore une fois vous désespérer ? s’écria Salvator devenu tout-à-coup d’une gaité folle et riant aux éclats ; m’entendez-vous, Antonio ? l’ami Formica vous sera en aide, comme il le fut à Rome. — Rentrez tranquillement chez vous, consolez Marianna, et attendez avec confiance l’heureux dénouement de tout ceci ; j’espère qu’à tout événement vous êtes prêt à suivre les volontés de Formica, car apprenez qu’il se trouve justement ici. » Antonio s’y engagea de grand cœur, et il s’abandonna de nouveau à un doux et consolant espoir.

Signor Pasquale ne fut pas médiocrement surpris de recevoir une invitation solennelle au nom de l’Academia de’ Percossi. — « Ah ! s’écria-t-il, c’est donc ici, à Florence, que l’on sait apprécier les talents, et que le rare mérite de Pasquale Capuzzi di