Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/16

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nées pleines de revirements et de contrastes, qui mirent à une rude épreuve le courage et la patience de l’ex-conseiller, mais qui développèrent au plus haut degré, dans l’âme impressionnable de l’artiste, les éléments de son génie particulier, et le besoin de peindre ses sensations exceptionnelles.

Dans l’intervalle dont nous parlons, Hoffmann fut tour-à-tour chef d’orchestre, journaliste, traducteur, décorateur-machiniste, répétiteur de chant, peintre en fresques, chantre d’église ; tantôt donnant de modestes leçons de piano au cachet, tantôt écrivant en moins d’un mois la musique d’un opéra en quatre actes ; faisant des vers de circonstance et des caricatures, des articles de critique ou d’imagination pour la Revue du monde élégant et la Gazette musicale de Leipsick. Il doit au hasard l’intimité de Weber et de Jean-Paul Richter ; il recueille un héritage qui lui tombe des nues ; il s’associe avec l’acteur Holbein pour la direction du théâtre de Bamberg, qu’il fait prospérer, dépensant alors cinquante florins par mois à l’hôtel de La Rose, centre des plus joyeuses réunions, et quelque temps après obligé de vendre sa redingote pour pourvoir à son diner. Nous le voyons changer de résidence à l’improviste, de Bamberg revenir à Berlin, puis aller à Bayreuth, à Nuremberg. Sur la route de Dresde à Leipsick, il a la douleur de voir sa femme blessée d’une manière affreuse par la chute de la diligence. De retour à Dresde, il organisa la troupe d’opéra qui joua concurremment, avec Talma et mademoiselle Georges, aux fêtes que fit célébrer Napoléon dans la capitale de la Saxe ; il fut aussi témoin ocu-