Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/18

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et partout fait supérieur à sa position, ne tarda pas à appeler sur lui une juste distinction, et le sort lui devint de nouveau plus favorable que jamais. Au commencement de 1816, il fut nommé conseiller an Kammergericht ; sa renommée littéraire lui assurait déjà les ressources les plus fructueuses. L’opéra d’Undine, composé sur le libretto spirituel du baron de Lamotte Fougué, et qui fut représenté à Berlin avec autant de succès que de magnificence, rendit son nom tout-à-fait populaire. Hoffmann se vit assiégé parles libraires et les éditeurs de revues. Il se livra au monde, au plaisir, au goût de sensualité qui lui était propre, et peut-être avec trop d’abandon, trop d’ardeur ; mais n’était-il pas pardonnable de demander à l’aisance, à la bonne fortune une compensation de ses privations récentes et de ses longs jours d’épreuve ?

Toutefois, ce fut à cette époque que se forma, sous sa présidence, une société, une sorte de club littéraire, que composaient avec lui Hitzig, Contessa, Chamisso, l’auteur de la piquante histoire de Pierre Schlemil, et le docteur Koreff, doué de beaucoup d’influence sur l’esprit d’Hoffmann, et qui lui prodiguait avec dévouement les soins éclairés de son art.

Cette confrérie d’hommes de goût et d’esprit tenait ses séances familières chez Hoffmann. On faisait de la musique, on racontait des histoires, on causait, on discutait des questions d’art et de littérature ; et c’est en quelque sorte le procés-verbal de ces réunions intimes qu’Hoffmann a pris plaisir à rédiger dans son ouvrage intitulé Les Frères de Sérapion, dont deux