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Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/212

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doucement son front, des noms les plus tendres. À contempler l’affreuse figure de la grimaçante vieille penchée sur le charmant visage du jeune homme, dont les traits pleins de douceur offraient la pâleur et l’immobilité de la mort, en contraste avec l’agitation convulsive et repoussante des muscles de la vieille ; — à voir ces haillons souillés pendre au-dessus des riches habits que portait l’étranger, — ces bras décharnés et d’un brun jaune, — ces mains osseuses qui tremblotaient sur le front, sur la poitrine nue du jeune homme, — il était difficile de se défendre d’une secrète horreur. On eût cru voir en effet la mort elle-même, avec sa hideuse figure, tenant sa proie dans ses bras. Aussi les assistants s’éloignèrent-ils bientôt lentement l’un après l’autre, et il ne resta que quelques personnes qui soulevèrent le jeune homme, quand il rouvrit enfin les yeux en poussant un profond soupir, et le transportèrent, sur l’indication de la vieille, près du grand canal. Là une gondole les reçut tous deux, le cavalier et la vieille, et les conduisit à la maison que celle-ci désigna pour la demeure du jeune homme. N’est-il pas superflu de dire que ce jeune homme était Antonio, et la vieille la mendiante du portail des Franciscains, qui prétendait obstinément avoir été sa nourrice ?

Lorsqu’Antonio fut tout-à-fait revenu de son étourdissement et qu’il aperçut auprès de son lit la vieille qui venait de lui faire prendre quelques gouttes d’une potion fortifiante, après l’avoir considérée long-temps fixement et d’un regard triste et morne, il lui dit d’une voix affaiblie : « Tu es auprès de moi,