Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/32

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La touche philosophique d’Hoffmann se retrouve là encore dans beaucoup de détails, le style poétique y vivifie les écarts les plus imprévus, les combinaisoas d’idées les plus déraisonnables ; mais l’ensemble jette dans l’esprit trop de confusion et d’incertitude. On y sent l’abus de la métaphysique allemande et de la manie de revêtir chaque pensée, chaque sentiment, de formules emblématiques et idéales.

Pourtant, Hoffmann n’était qu’à moitié allemand. Une pensée fixe et dominante réside dans tous ses écrits, c’est celle de l’Italie. L’Italie, ses mœurs, son beau ciel, ses ombrages et sa musique, voilà l’Eldorado de ses rêves, le thème favori de ses illusions d’avenir. Mais, comme Tantale, hélas ! il eut toute sa vie présente à son imagination, j’allais dire à son souvenir, cette terre de soleil et de poésie, sans avoir pu jamais réaliser son souhait le plus ardent. Vingt fois il projeta, de concert avec son ami Hippel, le voyage au-delà des Alpes, et même ils se mirent en route pour l’exécuter, mais toujours des circonstances impérieuses vinrent traverser leur volonté. Une autre passion d’Hoffmann, la plus vive de toutes, la plus longue, la plus développée, ce fut celle de la musique ; il était excellent virtuose et improvisateur surprenant. Ses compositions musicales, dont plusieurs ont aussi un caractère étrange et singulier, l’emportent de beaucoup, par le nombre, sur ses productions littéraires. Il professait une admiration sans bornes pour Mozart, et il appréciait dignement Gluck et Haydn, ainsi que Spontini et Chérubini, avec qui il se lia en Allemagne. Il devina, pour ainsi dire, tout le génie