Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/334

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désirs, Nathanael s’enfuit hors de la porte de la ville. L’image d’Olympie flottait devant lui dans les airs, elle surgissait du buisson, elle frappait ses yeux dans le miroir du ruisseau et le poursuivait partout de regards étincelants. Le souvenir de Clara était complètement effacé dans son esprit. Il ne pensait à rien qu’à Olympie, il allait se plaignant à haute voix et d’un ton langoureux : « Ô toi ! ma sublime étoile d’amour ! ne m’as-tu donc apparu que pour t’éclipser aussitôt et me laisser perdu sans espérance dans d’épaisses ténèbres ! »

En rentrant chez lui, il aperçut un grand mouvement dans la maison de Spallanzani. Les portes étaient ouvertes, les fenêtres du premier étage démontées ; on apportait toutes sortes de meubles ; des servantes affairées balayaient et époussetaient partout avec zèle ; on entendait les coups de marteau des menuisiers et des tapissiers. Nathanael restait dans la rue saisi d’étonnement, quand Sigismond s’approcha de lui en riant et lui dit : « Eh bien, que dis-tu de notre Spallanzani ? » Nathanael répondit qu’il ne pouvait rien en dire, ne sachant absolument rien sur le compte du professeur, et qu’il voyait même avec la plus grande surprise l’agitation et le tapage qui se faisaient dans sa maison, si tranquille et si sombre d’habitude. Sigismond lui apprit alors que Spallanzani devait donner le lendemain une grande fête, bal, concert, et que la moitié de l’université y était invitée ; — qu’en outre, le professeur, d’après le bruit général, devait faire paraître pour la première fois sa fille Olympie, qu’il avait si long-temps