Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/368

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Vous, comme forestier du district, vous n’avez rien à craindre, mais un voyageur isolé, tel que moi, pourrait bien courir quelque risque. Le bruit courait à Francfort qu’une bande de voleurs, qui naguères infestait les environs de Schaffhouse, et qui avait des ramifications jusqu’à Strasbourg, s’était jetée récemment sur le territoire de Fulda, par convoitise d’un plus riche butin, à cause des marchands qui font la traversée de Leipsick à Francfort. Or il serait très possible qu’ils me connussent déjà, depuis mon apparition à Francfort, pour un riche marchand de pierreries. Ainsi donc, si j’ai mérité quelque reconnaissance en secourant votre femme, vous pouvez m’en tenir compte largement en m’accompagnant hors de cette forêt, et me mettant dans ma bonne route. »

Andrès était disposé volontiers à satisfaire à toutes les demandes de l’étranger, et il s’apprêta aussitôt pour lui servir d’escorte ; il revêtit son uniforme de chasseur des gardes, prit son fusil à deux coups, ceignit son bon couteau de chasse, et ordonna à son valet de coupler deux dogues.

Cependant l’étranger avait ouvert sa cassette et en ayant sorti les plus magnifiques bijoux, des colliers, des agrafes, des boucles d’oreille, il les étendit sur le lit de Giorgina, qui ne pouvait cacher son ravissement ni sa surprise. Mais, lorsque l’étranger l’engagea à garnir son cou d’un des plus riches colliers, à essayer à ses jolis bras des bracelets superbes, en tenant devant elle un petit miroir de poche, où elle voyait se refléter si bien son image