Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/370

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vos beaux trésors, mon digne Monsieur ! je vous les garderai fidèlement jusqu’à votre retour. — Mais dites-moi seulement, si dans cet intervalle, (que le ciel vous en garde !) il vous arrivait quelque malheur qui vous empêchât de revenir en ces lieux, où faudra-t-il alors que je remette la cassette ? et combien de temps devrai-je attendre avant de déposer vos joyaux entre les mains de celui dont je vous prie de m’apprendre le nom en même temps que le vôtre ? — Je m’appelle, répondit l’étranger, Ignace Denner, et suis, comme vous le savez déjà, marchand, négociant. Je n’ai ni femme, ni enfants, et les parents que j’ai résident dans le Valais. Mais, je ne puis guère avoir d’estime et d’affection pour eux qui ne se sont nullement occupés de moi tandis que j’étais pauvre et nécessiteux. — Si dans trois ans vous n’aviez pas de mes nouvelles, gardez sans scrupule cette cassette, et comme je prévois bien que vous et Giorgina vous hésiteriez à accepter de moi ce legs important, le cas échéant, je donne la cassette avec les bijoux à votre enfant, auquel je vous prie de faire prendre mon nom d’Ignace quand vous le ferez confirmer. »

Andrès ne savait absolument comment répondre à une générosité si rare et si magnifique. Il restait tout interdit et immobile, pendant que Giorgina accablait de ses remerciments l’étranger, lui assurant qu’elle prierait instamment Dieu et les saints de le protéger dans le cours de ses pénibles voyages, et de le ramener toujours à point dans leur maison. — L’étranger sourit de nouveau d’une singulière façon,