Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

suis-moi. À quelques pas d’ici tu sauras le reste. »

Andrès ne savait que penser de cette demande imprévue. Cependant, n’ayant nullement oublié sa promesse, il assura à Denner qu’il était prêt à tout entreprendre pour lui, hors seulement ce qui serait contraire à la probité, à la vertu et à la religion. « Tu peux être bien tranquille la-dessus ! » s’écria Denner en riant et lui frappant sur l’épaule. Et comme Giorgina, qui s’était levée tremblante d’inquiétude et palpitante, retenait son mari en l’embrassant, Denner, la prenant par le bras et l’écartant doucement, lui dit : « Laissez partir votre mari avec moi, dans quelques heures il sera de retour près de vous sain et sauf, et vous rapportera peut-être quelque beau présent. Ai-je donc jamais eu de mauvais procédés envers vous ? ne vous ai-je pas toujours bien traités, même quand je voyais mes bonnes intentions méconnues ? En vérité, vous êtes des gens bien singuliers et bien méfiants. » — Andrès pourtant hésitait encore à s’habiller ; Denner alors se tourna vers lui avec des yeux courroucés et dit : « J’espère que tu tiendras ta parole ! car il s’agit maintenant d’exécuter l’engagement que tu as pris toi-même. » Là-dessus, Andrès fut promptement en état de sortir, et en quittant sa demeure avec Denner, il répéta encore une fois : « Il n’est rien que je ne fasse pour vous, mon cher Monsieur, mais pourvu qu’on n’exige rien de mal de ma part : car la moindre chose qui serait contraire à ma conscience, je m’y refuserais absolument. »

Denner ne répondit rien, mais il se mit à marcher