Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/392

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Denner, il était exposé à de grands dangers, et il se tenait toutes les nuits sur ses gardes. Cependant rien ne troublait la tranquillité du district, et Andrès resta convaincu que Denner avait reparu seul dans la forêt. Toutefois, pour sortir de cet état d’inquiétude et tranquilliser sa conscience bourrelée, il résolut de rompre enfin le silence, et d’aller à Fulda raconter aux magistrats l’histoire innocente de ses relations avec Denner, et leur livrer en même temps la cassette de joyaux. Andrès pensait bien qu’il encourrait, sans doute, une correction, néanmoins il se reposa sur l’aveu expiatoire d’une faute où l’avait entrainé par force, comme Satan lui-même, le réprouvé Ignace Denner, et aussi sur l’intercession de son maître le comte de Vach, qui ne pouvait lui refuser, comme serviteur fidèle, un témoignage favorable. — Il avait exploré le bois avec son valet à plusieurs reprises, sans jamais rien découvrir de suspect. Il n’y avait donc point de danger à présent pour sa femme, et il était décidé à partir pour Fulda, sans plus différer, afin d’exécuter son projet.

Mais le matin du jour où il était prêt à se mettre en route, il reçut un message du comte de Vach qui lui prescrivait de se rendre sur le champ à la résidence seigneuriale. Au lieu d’aller à Fulda, Andrès s’achemina donc avec le messager vers le château, non sans inquiétude sur ce qui pouvait motiver cet appel tout à fait inusité de la part du comte. À son arrivée au château, il fut aussitôt introduit dans la chambre de son maître. — « Réjouis-toi, Andrès, lui dit celui-ci à haute voix, un bonheur bien inattendu