Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/397

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

suivant commençait à poindre, lorsque parut l’odieux Denner ; alors on ouvrit les caisses et les valises qui avaient été apportées à dos de chevaux. Giorgina entendit compter beaucoup d’argent et résonner les pièces d’argenterie ; on paraissait en faire l’inventaire général. Enfin, il faisait grand jour quand les brigands s’en allèrent, et Denner seul resta.

Il prit une mine riante et affable, et dit à Giorgina : « Vous avez été bien effrayée, ma chère dame ; car votre mari ne semble pas vous avoir confié qu’il est devenu depuis longtemps notre camarade. Au fait, je suis fâché qu’il ne se soit pas rendu ici ; il faut qu’il ait pris un autre chemin, et qu’il ait perdu nos traces. Il était avec nous au château de ce scélérat du comte de Vach, qui nous a poursuivi il y a deux ans avec tant de rigueur, et de qui nous nous sommes vengés la nuit dernière. Oui, il est tombé dans le combat de la main de votre mari. Tranquillisez-vous donc, chère dame, et dites à Andrès, que maintenant il ne me reverra pas de sitôt, parce que notre bande est licenciée pour quelque temps. Ce soir, je vous quitte. — Vous avez toujours de beaux enfants, ma chère dame ! voilà encore un superbe garçon. » À ces mots, il prit le petit des bras de Giorgina et se mit à badiner avec lui d’une façon si amicale, que l’enfant riait et manifestait beaucoup de plaisir à jouer avec l’étranger, qui le rendit ensuite à sa mère. La nuit était venue, lorsque Denner dit encore à Giorgina : « Vous voyez bien que, quoique privé de femme et d’enfants, ce