Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

péniblement arrachée à son sommeil, s’avancer en traînant la pantoufle jusqu’à la fenêtre, où elle se mit a pester rudement contre le vaurien qui la troublait au milieu de la nuit, jurant que sa maison n’était pas une auberge, etc. Il y eut bien des propos d’échangés jusqu’à ce qu’elle reconnût, à sa voix, son ancien locataire ; et quand Salvator lui eût raconté, d’un accent plaintif, comment il s’était sauvé de Naples, et comment il ne savait où trouver un abri a Rome : « Ah ! s’écria la vieille, par le Christ et par tous les saints ! est-ce vous, signor Salvator ? — Eh donc ! votre petite chambre en haut donnant sur la cour est encore vacante, et le vieux figuier a maintenant poussé ses branches et ses feuilles au niveau des fenêtres, de sorte que vous pourrez vous reposer et travailler comme sous un riant et frais berceau ! — Ah ! combien mes filles se réjouiront de vous voir ici de nouveau, signor Salvator ! — Mais savez-vous bien que Marguerite est devenue très grande et très jolie ? — Dam ! vous ne la balancerez plus sur vos genoux ! Et votre petite chatte, Signor ! qui est morte, il y a trois mois, pour avoir avalé une arête de poisson. Eh, mon Dieu ! la tombe est notre héritage à tous. Mais, à propos, vous souvient-il de la grosse voisine dont vous avez ri si souvent, que vous avez si souvent et si drôlement dessinée ? eh bienl croiriez-vous qu’elle a épousé pourtant ce jeune homme…, le signor Luigi ! Ah ! nozze e magistrati sono da dio destinati3. — Les mariages se concluent au ciel, voilà…

« Mais, dit Salvator en interrompant la vieille, mais