Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/408

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tout cela qu’à ton opiniâtreté ; si tu avais reconnu toi-même appartenir à la bande, tu serais déjà sauve maintenant. Mais si tu promets de te livrer entièrement à moi et à ma direction, et si tu peux prendre sur toi de boire une goutte de cette liqueur, composée avec le sang du cœur de ton enfant, tu seras immédiatement délivré de toutes tes souffrances. Tu redeviendras tout d’un coup sain et robuste, et quant au point de ta délivrance ultérieure, je m’en charge. » — La terreur, l’anxiété et son affaiblissement ôtaient à Andrès la faculté de la parole. Il voyait dans la fiole que la figure lui présentait étinceler en petits jets de flamme le sang de son enfant. Il se mit à prier intérieurement avec ferveur Dieu et les saints de le délivrer des griffes de Satan acharné à le poursuivre, pour le frustrer du salut éternel dont il espérait jouir, dût-il mourir d’une mort infamante. — Alors la figure se mit à rire avec un éclat dont retentirent les murs du cachot, et tout s’évanouit dans une étouffante vapeur.

Andrès sortit enfin de cet état d’oppression, et parvint à se dresser sur son séant ; mais quelle fut sa stupéfaction en voyant, à l’endroit où reposait sa tête, la paille qui lui servait de lit agitée, soulevée par degrés, et enfin rejetée de côté. Il s’aperçut qu’une pierre du pavé avait été détachée par-dessous, et il entendit son nom répété plusieurs fois à voix basse. C’était la voix de Denner. Andrès répondit : « Que me veux-tu ? laisse-moi en repos, je n’ai rien à démèler avec toi ! — Andrès, dit Denner, j’ai pénétré à travers plusieurs voûtes pour te sau-