Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/411

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frontière d’Italie, et qu’elle avait commis depuis longtemps des pillages et des meurtres de tout genre. Denner devait être pendu, puis son corps devait être brûlé. Le malheureux Andrès était aussi condamné à la potence ; mais en considération de son repentir, et de l’aveu volontaire qui avait donné l’éveil sur le projet d’évasion de Denner, et mis à même d’appréhender ses complices, l’arrêt disposait que son cadavre resterait intact et serait enseveli sur la place de justice.

Le jour fixé pour l’exécution de Denner et d’Andrès était arrivé. Le matin même, Andrès, qui était à genoux et priait silencieusement, vit la porte de sa prison s’ouvrir et le jeune comte de Vach paraître devant lui. — « Andrès, dit le comte, tu vas mourir. Allège enfin ta conscience par un franc aveu ! Dis-moi, as-tu tué ton seigneur ? es-tu véritablement le meurtrier de mon oncle ? » — Les larmes jaillirent alors des yeux d’Andrès, et il répéta encore tout ce qu’il avait déclaré devant le tribunal, avant que le supplice intolérable de la question lui eût arraché un mensonge. Il prit Dieu et les saints à témoins de la sincérité de sa déclaration, et de sa complète innocence au sujet de la mort de son maître cher et vénéré. — « Alors, il y a ici, poursuivit le comte de Vach, quelque mystère inexplicable ! Moi-même, Andrès, j’étais convaincu de ton innocence, malgré ce qui semblait la démentir ; car je savais que, depuis ta jeunesse, tu as été le plus fidèle serviteur de mon oncle, et que même, en Italie, tu l’as un jour sauvé des mains des brigands au péril de ta vie. Mais, hier