Aller au contenu

Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/415

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

taine de ton innocence ; car, moi aussi, j’ai douté un moment de ta franchise, de ta probité ! » — Quoiqu’on eût caché à Giorgina le jour de l’exécution, en proie à une anxiété inexprimable, poussée par un singulier pressentiment, elle était accourue à Fulda, et venait d’arriver sur la place de justice, lorsque son mari montait à l’échelle fatale qui devait le conduire à la mort. Quant au négociant, pendant toute la longue durée du procés, il n’avait pas cessé de voyager en France et en Italie, et venait en dernier lieu de Vienne et de Prague. Le hasard, ou plutôt une providence particulière, le fit arriver dans la ville, précisément au moment de l’exécution, pour sauver le pauvre Andrès de la mort et de l’ignominie. Il avait entendu raconter à l’auberge toute l’histoire d’Andrès, et cette idée l’avait aussitôt frappé d’inquiétude, que cet Andrès pouvait bien être le même garde-forestier auquel, deux années auparavant, il avait remis les fonds d’un héritage échu à Naples au profit de sa femme. Il courut donc promptement à la place de justice, où, du plus loin qu’il vit Andrès, ses doutes se changérent en conviction.

Grâces aux efforts assidus du brave négociant et du jeune comte de Vach, le séjour d’Andrès à Francfort fut prouvé jusqu’à la plus parfaite évidence, ce qui le disculpait de la moindre participation à l’attentat principal. Denner lui-même convint alors de la vérité des déclarations d’Andrès au sujet de leurs relations mutuelles, et disait seulement que c’était sans doute une illusion du diable, mais qu’il avait cru