Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/417

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

si tout n’avait été constaté par les informations qu’on fit prendre à Naples, où il prétendait avoir reçu naissance. Un extrait des procédures suivies par le tribunal ecclésiastique de Naples, donnait sur l’origine de Denner les particularités remarquables suivantes.

Depuis longues années vivait à Naples un vieux et singulier docteur, nommé Trabacchio, qu’on avait l’habitude de désigner vulgairement, à cause de ses cures mystérieuses et constamment favorables, le docteur aux miracles. Il semblait que l’âge n’eût aucune action sur lui ; car il marchait d’un pas leste et juvénil, bien que plusieurs habitants pussent témoigner qu’il devait être âgé au moins de quatre-vingts ans. Son visage était ridé et contrefait d’une manière bizarre et horrible, et l’on pouvait à peine supporter son regard sans une secrète terreur, quoiqu’il procurât souvent à ses clients un si prompt soulagement, qu’il passait pour guérir parfois des maux graves et invétérés par la seule vertu de ses yeux perçants dirigés sur le malade. Il portait ordinairement, par-dessus son habillement noir, un large manteau rouge à franges et à galons d’or, sous les plis flottants duquel descendait une longue rapière. Il parcourait ainsi les rues de Naples, avec une caisse de ses médicaments préparés par lui-même, en se rendant chez ses malades, et chacun s’écartait sur son passage avec une sorte de crainte. Ce n’était même que dans les cas extrêmes qu’on osait recourir à lui ; mais jamais il ne refusait de visiter un ma-