Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/434

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drès, à toi seul et à ta miraculeuse délivrance par la toute-puissance céleste, que je rends grâce de mon sincère repentir, de ma contrition profonde. Du reste, la cassette pleine de joyaux que j’ai donnée à ta femme est celle que je sauvai de l’incendie de la maison de mon père ; et tu peux sans remords la garder pour ton fils.

— La cassette ? interrompit Andrès, Giorgina ne vous l’a-t-elle pas rendue, ce jour d’affreuse mémoire, où vous commîtes ce meurtre abominable ? — Oui, sans doute, répliqua Trabacchio, mais à l’insu de Giorgina je la remis en votre possession. Cherche avec soin dans le grand bahut noir qui était dans votre vestibule, tu y trouveras la cassette cachée. » Andrès fit la recherche dans le bahut, et retrouva effectivement la cassette absolument dans le même état où il l’avait reçue à garder la première fois de Trabacchio. — Cependant Andrès éprouvait intérieurement un vague déplaisir, et ne pouvait se défendre de penser qu’il lui eût mieux valu trouver Trabacchio mort dans le fossé. Il est vrai que le repentir et la conversion de Trabacchio semblaient sincères ; confiné dans sa retraite, il passait tout son temps à lire des livres de dévotion, et sa seule distraction était de s’entretenir avec le petit Georg, qu’il paraissait affectionner par-dessus tout. Andrès résolut cependant d’être sur ses gardes, et profita de la première occasion pour dévoiler le secret au comte de Vach, qui fut surpris à l’excès des singuliers incidents qu’amène le hasard.

Plusieurs mois se passèrent ainsi, l’automne tou-