Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/436

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pense pas qu’il persiste à me troubler davantage, car il a dû voir qu’il n’a plus aucun empire sur mon esprit. Sois donc tranquille, cher et bon Andrès, et laisse-moi finir mes jours chez toi comme un pieux chrétien réconcilié avec la justice divine ! »

En effet, l’apparition diabolique semblait avoir été conjurée. Pourtant dans les yeux de Trabaccbio étincelait parfois une ardeur secrète, il lui arrivait souvent de sourire de cet air singulier et sardonique qui le distinguait autrefois. Durant la prière du soir, qu’Andrès avait pris l’habitude de faire avec lui, son corps tremblait par moment d’une manière convulsive ; et puis un courant d’air subit parcourait la chambre avec un sifflement étrange, et tournait rapidement les feuillets des livres de prière, ou bien arrachait à Andrès son chapelet des mains. « Impie Trabacchio ! infâme démon ! c’est toi qui fais ici ton train de réprouvé ! Que veux-tu de moi ? — Sors d’ici, car tu n’as nulle puissance sur mon âme ! — Fuis ! Satan ! » — Ainsi s’écriait Andrès d’une voix irritée. Mais un éclat de rire moqueur retentit tout à coup dans la chambre, et il sembla qu’un battement d’ailes résonnait en dehors contre la croisée. Ce n’était pourtant, à en croire Trabacchio, que le bruit de la pluie tombant sur les vitres, et le sifflement du vent d’automne qui avait traversé la chambre, quand le tapage diabolique recommença de plus belle, au point que le petit Georg se mit à pleurer de peur.

« Non ! s’écria Andrès, votre père maudit ne pourrait causer ici un pareil vacarme, si vous aviez re-