Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/45

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un nom précis et en même temps les remèdes convenables pour la guérir. Là-dessus, il se retira aussi gravement qu’il avait paru, laissant tout le monde dans l’inquiètude et dans les transes.

En bas, le docteur demanda à voir la caisse de Salvator. Dame Catterina lui en montra une, en effet, où étaient enserrés quelques manteaux, usés de son défunt mari avec de vieilles chaussures. Le docteur frappa en souriant le long de la caisse, et dit d’un air satisfait : « Nous verrons, nous verrons ! » — Au bout de quelques heures, le docteur revint avec un très beau nom pour la maladie de Salvator, et plusieurs grands flacons pleins d’une boisson nauséabonde qu’il ordonna d’entonner sans relâche au malade. — Cela coûta quelque peine, car la médecine, qu’on eût dit puisée au fond de l’Achéron, excitait chez le peintre une répugnance et une aversion horribles. Mais soit que sa maladie, qui, depuis qu’elle avait reçu un nom de Splendiano, représentait vraiment une réalité, fût arrivée à son plus aigu période, soit que la potion travaillât trop violemment dans ses entrailles, toujours est-il que le pauvre Salvator devint chaque jour et d’heure en heure plus affaissé. Et, malgré les assurances du docteur Accoramboni, qui prétendait qu’après l’atonie complète des forces vitales, il donnerait à la machine, ainsi qu’au pendule d’une horloge, l’impulsion d’un mouvement plus actif, chacun désespérait du rétablissement de Salvator et soupçonnait le docteur d’avoir déjà donné peut-être au pendule une impulsion tellement forte qu’il l’avait totalement brisé.