que je connais vos ouvrages, je ne sais guère, en effet, pour qui je descendrais dans l’arène avec plus de plaisir que pour vous. »
Salvator passa en revue, encore une fois, les tableaux d’Antonio, et s’arrêta devant l’un d’eux représentant une Madeleine aux pieds du Christ, et qu’il loua tout particulièrement.
« Vous n’avez pas suivi, disait-il, la tradition d’après laquelle on traite ce sujet. Votre Madeleine n’est pas cette fille sévère que nous connaissons, c’est plutôt un enfant naïf et tendre, mais un enfant adorable tel que Guido l’aurait pu créer. Il y a un charme surnaturel dans ce gracieux visage. Vous l’avez peint d’inspiration, et je me trompe fort, ou l’original de cette Madeleine doit exister ici, à Rome. Convenez-en, Antonio ! vous êtes amoureux. » — Antonio baissa les yeux, et d’une voix basse et tremblante : « Rien n’échappe à votre regard perçant, dit-il, mon cher maître ! vous avez peut-être deviné, mais ne me blâmez pas, je vous conjure. — Je chéris ce tableau par-dessus tous les miens, et jusqu’à cette heure je l’ai dérobé à tous les regards comme un saint mystère.
« Que dites-vous, interrompit Salvator, aucun de nos peintres n’a-t-il vu votre tableau ? — Aucun, répondit Antonio. — Ho bien ! continua Salvator, dont l’œil pétillait de joie, s’il en est ainsi, soyez certain que je vous vengerai de vos envieux et arrogants détracteurs, et que je vous ferai obtenir l’honneur que vous méritez. Confiez-moi votre toile,