Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/76

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blafardes et pendantes, pour remplir l’office de chambrière auprès de l’aimable Marianna ; et cet épouvantail n’est autre que cet avorton de Pitichinaccio, qui est obligé pour cela de s’habiller en femme : si Capuzzi s’absente, il ferme et verrouille soigneusement toutes les portes ; et en outre, un méchant coquin, un ci-devant bravo, enrôlé dans les sbires, et qui loge au rez-de-chaussée, fait l’office de sentinelle. Forcer le logis me parait, en conséquence, assez difficile : et cependant, mon cher Antonio, je vous promets que, dès la nuit prochaine, vous serez introduit dans la chambre de Capuzzi et que vous verrez votre Marianna, pourtant cette fois-ci du moins, en présence de son tuteur.

« Que dites-vous ? s’écria Antonio dans l’ivresse, la nuit prochaine verra se réaliser ce qui me semble à moi impossible ? — Paix, Antonio, continua Salvator, laissez-nous réfléchir tranquillement aux moyens d’exécuter avec sûreté le plan que j’ai médité. —

« D’abord il faut que vous sachiez que je suis en relation, sans m’en douter, avec signor Pasquale Capuzzi. Vous voyez cette misérable épinette reléguée là au coin, elle appartient au vieux, et je dois lui en payer le prix exorbitant de dix ducats… Dans ma convalescence, j’étais avide de musique, mon soulagement et ma consolation suprêmes ; je priai mon hôtesse de me procurer l’épinette que voici. Dame Catterina fut instruite sur-le-champ que dans la rue Ripetta logeait un vieux garçon qui avait une jolie épinette à vendre. On m’envoya l’instrument, je ne