Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/85

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temps sur la peinture placée devant lui. Soudain il se frotta les yeux, doutant si c’était ou non un miracle, il raffermit sur sa perruque son chapeau pointu, prit sous son bras sa canne à bec, s’élança d’un seul bond, arracha le couvercle des charnières, l’éleva en triomphe au-dessus de sa tête, franchit la porte comme un enragé, descendit les escaliers quatre à quatre, et se sauva à toutes jambes, pendant que dame Catterina et ses deux filles riaient aux éclats derrière lui. — « Le vieil avare, disait Salvator, sait qu’il n’a qu’à porter ce couvercle peint au comte Colonna ou à mon ami Rossi, pour recevoir en échange quarante ducats, et peut-être davantage. »

Les deux peintres, Salvator et Antonio, se concertèrent sur le plan d’attaque prémédité pour la nuit suivante. — Nous allons bientôt savoir ce qu’entreprirent nos deux aventuriers, et quel fut le succès de leur tentative.

Quand la nuit fut venue, signor Pasquale, après avoir fermé toutes ses portes à renfort de clefs et de verroux, porta, comme d’habitude, son petit monstre d’eunuque à sa demeure. Le nabot miaulait et coassait tout le long du chemin, se plaignant d’être déjà trop peu récompensé pour se dessécher le gosier et risquer la phthisie en chantant les ariettes de Capuzzi, et pour se brûler les mains à faire cuire les macaroni, sans qu’on le surchargeât d’un service qui ne lui rapportait que des coups de pied bien appliqués et de violents soufflets, dont Marianna le gratifiait largement chaque fois qu’il tentait de s’approcher d’elle. Capuzzi le consola de son mieux, et lui