Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/99

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moment même de réduire le fol et vieux fat à se courber sous sa mignonne pantoufle de velours. L’accueil qu’elle lui a fait, quand nous le transportâmes chez lui, a tourné la tête à Capuzzi ; il tient pour certain que Marianna ne songe plus à vous, il s’imagine qu’elle lui a gracieusement donné au moins la moitié de son cœur : à ses yeux, il ne s’agit plus que de conquérir le reste. — Pour Marianna, elle a gagné trois ans d’expérience, de maturité et de savoir faire, depuis qu’elle a goûté du poison de vos baisers. Elle a su convaincre le vieux, non-seulement qu’elle n’avait nullement participé à notre ruse, mais qu’elle abhorrait nos faits et gestes, et qu’elle repousserait avec le dernier mépris toute intrigue ayant pour but un rapprochement entre elle et nous. Le vieux s’est trop pressé, et, dans l’excès de son ravissement, il a juré de satisfaire le premier désir de son adorable Marianna, et de lui procurer tel plaisir qu’elle choisirait. Sur cela, Marianna a demandé tout simplement et d’un air réservé, à Zio Carissimo7, de la conduire au théâtre de signor Formica, à la porte del popolo. Le vieillard a été un peu interdit de cette demande ; il y a eu des conférences avec le docteur Pyramide et le Pitichinaccio. Finalement, nos deux compères, signor Pasquale et signor Splendiano, ont décidé de mener effectivement Marianna demain à ce spectacle ; Pitichinaccio doit l’accompagner accoutré en chambrière, rôle qu’il n’a consenti à jouer qu’à deux conditions : signor Pasquale doit lui faire cadeau d’une perruque outre la veste de peluche, et de plus il est convenu