Page:Hoffmann - Contes posthumes, 1856, trad. Champfleury.djvu/212

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Et au fond, pourquoi tant de paroles pour justifier mon penchant ? Ne serait-ce pas pour me faire croire à moi-même que la simple et générale envie de recherches me pousse irrésistiblement à O-Wahu, et que ce n’est pas plutôt l’étrange pressentiment d’un événement inouï à la rencontre duquel je marche. Oui, Édouard, dans cet instant même ce pressentiment s’empare de moi avec une telle puissance, que je suis incapable d’écrire davantage. Tu vas me croire un rêveur fou, mais il en est ainsi. Je lis distinctement dans mon âme qu’à O-Wahu m’attend le plus grand bonheur — ou ma perte inévitable.

Ton plus fidèle, etc.

John Menzies.

IV
LE MÊME AU MÊME.
Hanaruru, près d’O-Wahu, le 12 décembre 18…

Non, je ne suis pas un rêveur, mais il y a des pressentiments, — des pressentiments qui ne trompent pas ! — Édouard, je suis l’homme le plus heureux qu’il y ait sous le soleil, élevé à l’apogée de mon existence. Mais comment te raconter tout cela, te faire sentir en entier toutes mes délices, mon ravissement inexprimable ? Il faut me recueillir ; je veux essayer si je suis en état de te décrire tranquillement comment cette aventure s’est passée.

Non loin de Hanaruru, résidence du roi Téimotu, qui nous a accueillis amicalement, se trouve une belle forêt. C’est là que j’allais hier, au moment où le soleil était sur le point de se coucher. J’avais le projet d’attraper s’il était