Page:Hoffmann - Contes posthumes, 1856, trad. Champfleury.djvu/217

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non, je ne veux pas encore douter de ta vertu, je veux croire encore que ton cœur fidèle saura vaincre cette passion malheureuse qui t’entraînait dans un tourbillon rapide. Menzies, rends-moi Haimatochare, et je te presse sur mon sein comme mon plus fidèle ami, comme mon frère de cœur. Toute la douleur de la blessure que tu m’as faite par ton action imprudente sera oubliée. Oui, rends-moi Haimatochare !

Broughton.

VIII
MENZIES À BROUGHTON.

Ami, quelle étrange démence s’est emparée de toi ! C’est moi, — moi que tu accuses d’avoir ravi Haimatochare, elle qui est d’une race qui ne te regarde en rien, Haimatochare, que j’ai trouvée libre, dans la libre nature, dormant sur le plus beau des tapis, moi, le premier qui la contemplai d’un regard amoureux, le premier qui lui donnai un nom, un rang ! — En vérité, si tu me crois ingrat, je dois te croire fou, puisque, aveuglé par une jalousie dévorante, tu oses prétendre à ce qui est devenu ma propriété et qui le sera toujours. Haimatochare est à moi, et je la nommerai mienne dans ces annales où tu te proposes de consigner tes vantardises en t’attribuant la propriété d’un autre. Jamais je ne souffrirai qu’Haimatochare me quitte ; je quitterai tout avec joie, pour mon Haimatochare, même la vie, qui ne peut s’embellir que par elle.

Menzies.