Page:Hoffmann - Contes posthumes, 1856, trad. Champfleury.djvu/309

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gement spacieux, retiré, mais agréable, abandonnèrent leurs professions et vécurent ensemble à la vieille mode française, tout joyeux et sans soucis, car ils surent échapper aux tourments et aux charges d’une malheureuse époque. Chacun a sa tâche à part, d’où la société tire joie et profit. Le maître de danse et le maître d’armes vont rendre visite à leurs anciens élèves, des officiers en retraite d’un grade élevé, des chambellans, des maréchaux, etc., etc. Ils avaient une clientèle de haut parage, et ils recueillent ainsi les nouvelles du jour pour servir d’étoffe à leurs conversations qui ne doivent jamais chômer. Le maître de langues fouille les boutiques de bouquinistes pour y découvrir de belles œuvres classiques ; le pâtissier veille à la cuisine ; il achète lui-même les vivres aussi bien qu’il les apprête, avec l’aide d’un vieux domestique français. En outre, le service est augmenté d’un gamin joufflu, que les quatre associés ont retiré des Orphelins français, depuis la mort d’une vieille Française sans dents, qui, de gouvernante est devenue relaveuse. — Voilà un petit homme habillé de bleu, portant des pains blancs dans le panier du bras droit, et une salade dans celui du bras gauche. Ainsi, j’ai en un instant transformé le sale et cynique maître de dessin allemand en un agréable pâtissier français, et je crois que son extérieur ainsi que toute sa personne y répond parfaitement.

MOI. — Cette découverte fait honneur à ton talent d’écrivain, cher cousin. Cependant voici quelques minutes que de grandes plumes blanches flottantes, qui se dressent là-bas au plus épais de la foule, captivent mon attention. Enfin voilà l’apparition juste auprès de la pompe. — C’est