Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/29

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Elle s’était jetée sur lui en éclatant en gémissements et avait aperçu qu’il avait sa chemise tout ensanglantée. Olivier l’avait doucement menée à l’écart, puis il s’était occupé de laver et de panser la blessure que Cardillac avait reçue au sein gauche. L’orfèvre était revenu à lui peu à peu, le râle avait cessé ; il avait fixé sur elle d’abord, puis sur Olivier un regard plein de sympathie ; il les avait l’un et l’autre attirés à lui, avait placé la main de sa fille dans celle du jeune homme et les avait serrées toutes deux dans les siennes. Olivier et elle étaient tombés à genoux auprès du moribond. Cardillac s’était relevé en poussant un cri déchirant, mais il était retombé aussitôt après et avait rendu le dernier soupir. Tous deux s’étaient abandonnés alors à la désolation. Olivier avait raconté comment son maître avait été assassiné sous ses yeux pendant une course nocturne qu’ils avaient dû faire ensemble. Il dit aussi comment il avait rapporté le blessé à la maison, tout en ne le croyant pas frappé mortellement. Au point du jour, les voisins, attirés par les gémissements, étaient entrés dans l’atelier dont la porte n’était pas verrouillée et avaient trouvé le jeune homme et sa fiancée agenouillés auprès du cadavre de Cardillac, et inconsolables. Les cris et les clameurs avaient éveillé l’attention et les soupçons de la maréchaussée, qui était accourue et avait traîné Olivier en prison, sous l’inculpation d’avoir assassiné son maître. Madelon fit ensuite une touchante peinture de la vertu, de la piété, de la loyauté de son cher Olivier. Elle dit

Elle s’était jetée sur lui en éclatant en gémissements et avait aperçu qu’il avait sa chemise tout ensanglantée. Olivier l’avait doucement menée à l’écart, puis il s’était occupé de laver et de panser la blessure que Cardillac avait reçue au sein gauche. L’orfèvre était revenu à lui peu à peu, le râle avait cessé ; il avait fixé sur elle d’abord, puis sur Olivier un regard plein de sympathie, il les avait l’un et l’autre attirés à lui, avait placé la main de sa fille dans celle du jeune homme et les avait serrés toutes deux dans les siennes. Olivier et elle étaient tombés à genoux auprès du moribond. Cardillac s’était relevé en poussant un cri déchirant, mais il était retombé aussitôt après et avait rendu le dernier soupir. Tous deux s’étaient abandonnés alors à la désolation. Olivier avait raconté comment son maître avait été assassiné sous ses yeux pendant une course nocturne qu’ils avaient dû faire ensemble. Il dit aussi comment il avait rapporté le blessé à la maison, tout en ne le croyant pas frappé mortellement. Au point du jour, les voisins, attirés par les gémissements, étaient entrés dans l’atelier dont la porte n’était pas verrouillée et avaient trouvé le jeune homme et sa fiancée agenouillés auprès du cadavre de Cardillac et inconsolables. Les cris et les clameurs avaient éveillé l’attention et les soupçons de la maréchaussée, qui était accourue et avait traîné Olivier en prison, sous l’inculpation d’avoir assassiné son maître. Madelon fit ensuite une touchante peinture de la vertu, de la piété, de la loyauté de son cher Olivier. Elle dit