Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/31

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s’était fait répéter les moindres circonstances de ce terrible événement ; elle rechercha avec le plus grand soin s’il n’y avait jamais eu de querelles entre le maître et l’ouvrier, car il se pouvait qu’Olivier fût d’un caractère emporté et que, tout en étant parfaitement honnête, il se laissât, dans certains cas, entraîner par la fougue de son tempérament. Mais Madelon parlait avec tant d’assurance du bonheur qui existait chez elle au temps où elle vivait entre son père et son fiancé, que bientôt Mlle de Scudéri n’eut plus aucun soupçon contre le jeune homme. En pesant toutes les accusations portées contre Olivier, tous les arguments sur lesquels on s’appuyait pour le prétendre coupable, elle ne vit aucun motif probable qui aurait pu déterminer le jeune ouvrier à commettre un crime affreux dont la première conséquence devait être la perte de son propre bonheur.

Convaincue de l’innocence d’Olivier, Mlle de Scudéri prit la résolution de sauver l’innocent jeune homme à tout prix. Cependant, avant d’implorer la grâce du roi, elle crut plus prudent de s’adresser au président La Reynie et de lui faire connaître toutes les circonstances qui plaidaient en faveur d’Olivier. Elle espérait ainsi gagner à sa cause le président lui-même et obtenir son appui auprès des juges. La Reynie reçut Mlle de Scudéri avec toute la déférence qui était due à la vénérable septuagénaire que le roi lui-même tenait en si haute estime. Il écouta avec beaucoup de calme et d’attention tout ce qu’elle dit sur ce crime affreux, sur la