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Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/35

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qu’ont reçues les individus volés ou assassinés dans les rues. Et ce qu’il y a de plus concluant, c’est que depuis l’arrestation d’Olivier Brusson, on n’entend plus parler de meurtres ni de vols. Les rues sont aussi sûres en pleine nuit qu’en plein jour. Preuve suffisante qu’Olivier était très probablement à la tête de cette bande d’assassins. Il n’a pas encore avoué, mais il y a des moyens de le faire parler, qu’il le veuille ou non.

— Et Madelon, s’écria Mlle de Scudéri, Madelon, l’innocente colombe ?

— Et qui me prouve, répondit La Reynie avec un sourire venimeux, qui me prouve qu’elle n’est pas du complot ? Que lui fait son père ? Elle n’a de larmes que pour le sort de l’assassin.

— Que dites-vous ? s’écria Mlle de Scudéri : cela n’est pas possible. Son père ! cette jeune fille !

— Oh ! continua La Reynie, rappelez-vous La Brinvilliers ; vous me pardonnerez Mademoiselle, si je me vois bientôt forcé de vous arracher votre protégée et de la faire enfermer à la Conciergerie.

Mlle de Scudéri frissonna d’horreur à cet épouvantable soupçon, il lui sembla que devant cet homme redoutable aucune fidélité, aucune vertu ne pouvait trouver grâce et qu’il cherchait jusque dans les replis les plus intimes de la conscience des intentions de meurtre et d’odieuses machinations.

Elle se leva.

— Soyez juste, dit-elle en soupirant.

Tels furent les seuls mots qu’elle put