Page:Holbach - Le Christianisme dévoilé, 1756.djvu/84

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les mains du potier, il ne peut y avoir de rapports moraux entre eux et lui. C’eſt néanmoins ſur ces rapports que toute religion eſt fondée:ainſi, dire que Dieu ne doit rien à ſes créatures, et que ſa juſtice n’eſt point la même que celle des hommes, c’eſt ſapper les fondemens de toute juſtice et de toute religion, qui ſuppoſe que Dieu doit récompenſer les hommes pour le bien, et les punir pour le mal qu’ils font.

On ne manquera pas de nous dire, que c’eſt dans une autre vie que la juſtice de Dieu ſe montrera ; cela poſé, nous ne pouvons l’appeller juſte dans celle-ci, où nous voyons ſi ſouvent la vertu opprimée, et le vice récompenſé. Tant que les choſes ſeront en cet état, nous ne ſerons point à portée d’attribuer la juſtice à un dieu, qui ſe permet, au moins pendant cette vie, la ſeule dont nous puiſſions juger, des injuſtices paſſageres que l’on le ſuppoſe