Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/126

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Telles sont les seules voies par lesquelles nous recevons des sensations, des perceptions, des idées. Ces modifications successives de notre cerveau, sont des effets produits par les objets qui remuent nos sens, deviennent des causes elles-mêmes, & produisent dans l’ame de nouvelles modifications, que l’on nomme pensées, réflexions, mémoire, imagination, jugemens, volontés, actions, & qui toutes ont la sensation pour base.

Pour me faire une notion précise de la pensée, il faut examiner pied-à-pied ce qui se passe en moi à la présence d’un objet quelconque. Supposons pour un moment que cet objet soit une pêche ; ce fruit fait d’abord sur mes yeux deux impressions différentes ; c’est-à-dire, y produit deux modifications qui se transmettent jusqu’au cerveau ; à cette occasion celui-ci éprouve deux nouvelles façons d’être ou perceptions que je désigne sous les noms de couleur & de rondeur ; en conséquence j’ai l’idée d’un corps rond & coloré. En portant la main à ce fruit j’y applique l’organe du toucher ; aussitôt ma main éprouve trois nouvelles impressions que je désigne sous les noms de molesse de fraîcheur, de pesanteur, d’où résultent trois nouvelles perceptions dans le cerveau & trois nouvelles idées. Si j’approche ce fruit de l’organe de l’odorat, celui-ci éprouve une nouvelle modification, qui transmet au cerveau une nouvelle perception & une nouvelle idée que l’on appelle odeur. Enfin si je porte ce fruit à ma bouche, l’organe du goût est affecté d’une maniere nouvelle, suivie d’une perception qui fait naître en moi l’idée de la saveur. En réunissant toutes ces impressions ou modifications différentes de mes organes transmi-