Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/186

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nés aux partisans de la spiritualité : en effet en leur accordant une ame spirituelle ils ont craint de les élever à la condition humaine ; d’un autre côté en la leur refusant ils autorisoient leurs adversaires à la refuser pareillement à l’homme qui se trouvoit ainsi ravalé à la condition de l’animal. Les théologiens n’ont jamais sçu se tirer de cette difficulté : Descartes a cru la trancher en disant que les bêtes n’ont point d’ames & sont de pures machines. Il est aisé de sentir l’absurdité de ce principe. Quiconque envisagera la nature sans préjugé reconnoîtra facilement qu’il n’y a d’autre différence entre l’homme & la bête que celle qui est due à la diversité de leur organisation.

Dans quelques êtres de notre espece, qui paroissent doués d’une sensibilité d’organes plus grands que les autres, nous voyons un instinct à l’aide duquel ils jugent très promptement des dispositions les plus cachées des personnes à la seule inspection de leurs traits. Ceux que l’on nomme physionomistes ne sont que des hommes d’un tact plus fin que les autres, qui ont fait des expériences dont ceux-ci, soit par la grossiérete de leurs organes, soit par leur peu d’attention, soit par quelque défaut dans leur sens, sont entiérement incapables ; ces derniers ne croient point à la science des physionomies qui leur paroit totalement idéale. Cependant il est certain, que les mouvemens de cette ame, que l’on a fait spirituelle, font des impressions très marquées sur le corps ; ces impressions s’étant continuellement réitérées, leurs empreintes doivent rester ; ainsi les passions habituelles des hommes se peignent sur leurs visages, & mettent un homme attentif & doué d’un tact fin à portée de juger très promptement de leur fa-