Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/25

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ſens moins étendu, ou conſidérée dans chaque être, eſt le tout qui réſulte de l’eſſence, c’eſt-à-dire, des propriétés, des combinaiſons, des mouvemens ou façons d’agir qui le diſtinguent des autres êtres. C’eſt ainſi que l’homme eſt un tout, réſultant des combinaiſons de certaines matieres, douées de propriétés particulieres, dont l’arrangement ſe nomme organiſation, & dont l’eſſence eſt de ſentir, de penſer, d’agir, en un mot de ſe mouvoir d’une façon qui le diſtingue des autres êtres avec lesquels il ſe compare : d’après cette comparaiſon l’homme ſe range dans un ordre, un ſyſtême, une claſſe à part, qui differe de celle des animaux dans lesquels il ne voit pas les mêmes propriétés qui ſont en lui. Les différens ſyſtêmes des êtres, ou, ſi l’on veut, leurs natures particulieres, dépendent du ſyſtême général, du grand tout, de la nature univerſelle dont ils font partie, & à qui tout ce qui exiſte est néceſſairement lié.

NB. Après avoir fixé le ſens que l’on doit attacher au mot Nature, je crois devoir avertir le lecteur, une fois pour toutes, que lorſque dans le cours de cet ouvrage, je dis que la nature produit un effet, je ne prétends point perſonnifier cette nature, qui eſt un être abſtrait ; mais j’entends que l’effet dont je parle eſt le réſultat néceſſaire des propriétés de quelqu’un des êtres qui compoſent le grand enſemble que nous voyons. Ainſi quand je dis la nature veut que l’homme travaille à ſon bonheur, c’eſt pour éviter les circonlocutions & les redites, & j’entends par là qu’il eſt de l’eſſence d’un être qui ſent, qui penſe, qui