Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/84

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dépendantes de leurs propriétés essentielles, ainsi que des combinaisons & des modifications qui constituent leur état permanent ou passager. Que l’intelligence est une façon d’être & d’agir propre à quelques êtres particuliers, & que si nous voulons l’attribuer à la nature, elle ne seroit en elle que la faculté de se conserver par des moyens nécessaires dans son existence agissante. En refusant à la nature l’intelligence dont nous jouissons nous-mêmes ; en rejettant la cause intelligente que l’on suppose son moteur ou le principe de l’ordre que nous y trouvons, nous ne donnons rien au hazard, ni à une force aveugle, mais nous attribuons tout ce que nous voyons à des causes réelles & connues, ou faciles à connoître. Nous reconnoissons que tout ce qui existe est une suite des propriétés inhérentes à la matiere éternelle, qui par ses mélanges, ses combinaisons & ses changemens de formes produit l’ordre, le désordre & les variétés que nous voyons. C’est nous qui sommes aveugles lorsque nous imaginons des causes aveugles ; nous ignorons les forces & les loix de la nature lorsque nous attribuons ses effets au hazard ; nous ne sommes pas plus instruits lorsque nous les donnons à une intelligence, dont l’idée n’est jamais empruntée que de nous-mêmes & ne s’accorde jamais avec les effets que nous lui attribuons : nous imaginons des mots pour suppléer aux choses, & nous croyons nous entendre à force d’obscurcir des idées que nous n’osons jamais nous définir ni nous analyser.