Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/98

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au soleil ; position qui suffit pour mettre une variété sensible entre ses productions.

L’on peut donc conjecturer avec assez de fondement que, si par quelqu’accident notre globe venoit à se déplacer, toutes ses productions seroient forcées de changer, vu que les causes n’étant plus les mêmes ou n’agissant plus de la même façon, les effets devroient nécessairement changer. Toutes les productions pour pouvoir se conserver ou se maintenir dans l’existence ont besoin de se coordonner avec le tout dont elles sont émanées ; sans cela elles ne peuvent subsister. C’est cette faculté de se coordonner, c’est cette coordination relative que nous appellons l’ordre de l’univers, c’est son défaut que nous nommons désordre. Les productions que nous traitons de monstrueuses sont celles qui ne peuvent se coordonner avec les loix générales ou particulières des êtres qui les entourent ou des touts où elles se trouvent ; elles ont pu dans leur formation s’accommoder de ces loix, mais ces loix se sont opposées à leur perfection, ce qui fait qu’elles ne peuvent subsister. C’est ainsi qu’une certaine analogie de conformation entre des animaux d’especes différentes produit bien des mulets, mais ces mulets ne peuvent se propager. L’homme ne peut vivre qu’à l’air & le poisson dans l’eau ; mettez l’homme dans l’eau & le poisson à l’air, bientôt, faute de pouvoir se coordonner avec les fluides qui les entourent, ces animaux seront détruits. Transportez en imagination un homme de notre planete dans Saturne, bientôt sa poitrine sera déchirée par un air trop raréfié, ses membres seront glacés par le froid, il périra faute de trouver les élémens analogues à son existence actuelle : transportez un autre hom-