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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/135

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montrent que l’écorce des choſes, que nos eſprits bornés ne peuvent concevoir un Dieu : l’on en convient ; mais ces ſens ne nous montrent pas même l’écorce de la Divinité que nos Théologiens nous définiſſent, à qui ils donnent des attributs, ſur laquelle ils ne ceſſent de diſputer, tandis que juſqu’ici ils ne ſont jamais parvenus à prouver ſon exiſtence. „ J’aime beaucoup, dit Mr. Locke, tous ceux qui défendent leurs opinions de bonne foi, mais il y a ſi peu de gens qui, d’après la maniere dont ils les défendent, paroiſſent pleinement convaincus des opinions qu’ils profeſſent, que je ſuis tenté de croire qu’il y a dans le monde bien plus de ſceptiques qu’on ne penſe.”[1]

Abbadie nous dit qu’il s’agit de ſçavoir s’il y a un Dieu, & non ce que c’eſt que ce Dieu. Mais comment s’aſſûrer de l’exiſtence d’un être que l’on ne pourra jamais connoître ? Si l’on ne nous dit pas ce que c’eſt que cet être, comment pourrons-nous juger ſi ſon exiſtence eſt poſſible ou non ? Nous venons de voir les fondemens ruineux ſur leſquels les hommes ont juſqu’ici élevé le phantôme créé par leur imagination ; nous venons d’examiner les preuves dont ils ſe ſervent pour établir ſon exiſtence ; nous avons reconnu les contradictions ſans nombre qui réſultent des qualités inconciliables dont ils prétendent l’orner. Que conclure de tout celà, ſinon qu’il n’exiſte pas ? Il eſt vrai qu’on nous aſſûre qu’il n’y a point de contradictions entre les attributs divins, mais qu’il y a une diſproportion entre notre eſprit & la nature de l’être

  1. Voyez ſes lettres familieres. Hobbes dit que ſi les hommes y trouvoient quelqu’intérêt, ils douteroient de la certitude des élémens d’Euclide.