Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/162

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produit tous les animaux que nous voyons à l’aide des combinaisons de la matière qui est dans une action continuelle ; l’accord des parties de ces mêmes animaux est une suite des loix nécessaires de leur nature & de leur combinaison, dès que cet accord cesse, l’animal se détruit nécessairement. Que deviennent alors la sagesse, l’intelligence ou la bonté de la cause prétendue à qui l’on faisoit honneur d’un accord si vanté ? Ces animaux si merveilleux que l’on dit être les ouvrages d’un dieu immuable, ne s’altèrent-ils point sans cesse & ne finissent-ils pas toujours par se détruire ? Où est la sagesse, la bonté, la prévoyance, l’immutabilité d’un ouvrier qui ne paroît occupé qu’à déranger & briser les ressorts des machines qu’on nous annonce comme les chefs-d’ œuvres de sa puissance & de son habileté ? Si ce dieu ne peut faire autrement, il n’est ni libre ni tout puissant. S’il change de volontés, il n’est point immuable. S’il permet que des machines qu’il a rendu sensibles éprouvent de la douleur, il manque de bonté. S’il n’a pu rendre ses ouvrages plus solides, c’est qu’il a manqué d’habileté. En voyant que les animaux, ainsi que tous les autres ouvrages de la divinité, se détruisent, nous ne pouvons nous empêcher d’en conclure ou que tout ce que la nature fait est nécessaire & n’est qu’une suite de ses loix, ou que l’ouvrier qui la fait agir est dépourvu de plan, de puissance, de constance, d’habileté, de bonté.

L’homme, qui se regarde lui-même comme le chef-d’ œuvre de la divinité, nous fourniroit plus que toute autre production la preuve de l’incapacité ou de la malice de son auteur prétendu : dans cet être sensible, intelligent, pensant, qui se croit