Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tribue à la divinité le supposent matériel, & les notions théologiques les plus abstraites se fondent sur un anthropomorphisme véritable.

Les théologiens, malgré toutes leurs subtilités, ne peuvent faire autrement ; ainsi que tous les êtres de l’espèce humaine, ils ne connoissent que la matière, & n’ont aucune idée réelle d’un pur esprit. S’ils nous parlent d’intelligence, de sagesse & de vue dans la divinité, ce sont toujours celles de l’homme qu’ils lui prêtent & qu’ils s’obstinent à donner à un être que l’essence qu’on lui donne n’en rend point susceptible. Comment supposer des volontés, des passions, des desirs à un être qui n’a besoin de rien, qui se suffit à lui-même ; dont les projets doivent être aussi-tôt exécutés que formés ? Comment attribuer la colère à un être qui n’a ni sang ni bile ? Comment un être tout puissant, dont on admire la sagesse par l’ordre qu’il a lui-même établi dans l’univers, peut-il permettre que ce bel ordre soit sans cesse troublé, soit par les élémens en discorde, soit par les crimes des humains ? En un mot un dieu tel qu’on nous le dépeint ne peut avoir aucunes des qualités humaines, qui dépendent toujours de notre organisation particulière, de nos besoins, de nos institutions & qui sont toujours rélatives à la société où nous vivons. Les théologiens s’efforcent vainement d’aggrandir, d’exagérer en idée, de perfectionner à force d’abstractions les qualités morales qu’ils assignent à leur dieu ; ils ont beau nous dire qu’elles sont en lui d’une nature différente de ses créatures, qu’elles sont parfaites, infinies, suprêmes, éminentes ; en tenant ce langage ils ne s’entendent plus eux-mêmes ; ils n’ont