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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/227

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telligence, de sagesse, de puissance & de bonté, en un mot remplie de perfections infinies. Selon eux cet être est distingué de la nature ; ils fondent son existence sur l’ordre & la beauté qui régnent dans l’univers. Prévenus en faveur de sa providence bienfaisante, ils s’obstinent à ne point voir les maux dont cet agent universel devroit être censé la cause dès qu’il ne se sert point de sa puissance pour les empêcher. épris de ces idées dont on a fait voir le peu de fondement ; il n’est point surprenant qu’ils soient peu d’accord dans leurs systêmes & dans les conséquences qu’ils en tirent. En effet les uns supposent que cet être imaginaire retiré dans la profondeur de son essence, après avoir fait sortir la matière du néant, l’abandonne pour toujours au mouvement qu’il lui a une fois imprimé. Ils n’ont besoin d’un dieu que pour enfanter la nature ; cela fait, tout ce qui s’y passe n’est qu’une suite nécessaire de l’impulsion qui lui fut donnée dans l’origine des choses ; il voulut que le monde existât, mais trop grand pour entrer dans les détails de l’administration, il livre tous les événemens aux causes secondes ou naturelles ; il vit dans une parfaite indifférence de ses créatures qui n’ont plus aucuns rapports avec lui, & qui ne peuvent troubler en rien son bonheur inaltérable. D’où l’on voit que les déistes les moins superstitieux font de leur dieu un être inutile aux hommes ; mais ils ont besoin d’un mot pour désigner la cause première ou la force inconnue à laquelle, faute de connoître l’énergie de la nature, ils croient devoir attribuer sa formation primitive, ou si l’on veut l’arrangement d’une matière coéternelle à Dieu.

D’autres théistes, pourvus d’une imagi-