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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/246

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ran soupçonneux qui ne respire que le sang, le meurtre, le carnage, & qui demande qu’on le nourrisse de la fumée des animaux. Le Jupiter des payens est un monstre de lubricité. Le Moloch des phéniciens est un anthropophage ; le pur esprit des chrétiens veut que pour appaiser sa fureur on égorge son propre fils ; le dieu farouche du mexicain ne peut être rassasié que par des milliers de mortels qu’on immole à sa faim sanguinaire.

Tels sont les modèles que la divinité présente aux hommes dans toutes les superstitions du monde. Est-il donc surprenant que son nom soit devenu pour toutes les nations le signal de la terreur, de la démence, de la cruauté, de l’inhumanité & serve de pretexte continuel à la violation la plus effrontée des devoirs de la morale ? C’est l’affreux caractère que les hommes donnent par-tout à leur dieu qui bannit à jamais la bonté de leurs cœurs, la morale de leur conduite, la félicité & la raison de leurs demeures ; c’est par-tout un dieu inquiet de la façon de penser des malheureux mortels, qui les arme de poignards les uns contre les autres, qui leur fait étouffer le cri de la nature, qui les rend barbares pour eux-mêmes & atroces pour leurs semblables ; en un mot ils deviennent des insensés, des furieux toutes les fois qu’ils veulent imiter le dieu qu’ils adorent, mériter son amour, le servir avec zèle.

Ce n’est donc point dans l’Olympe que nous devons chercher ni les modèles des vertus ni les règles de conduite nécessaires pour vivre en société. Il faut aux hommes une morale humaine fondée sur la nature de l’homme, sur l’expérience