ses forfaits ; elle lui montre que ses déréglemens les plus cachés influeront nécessairement sur sa propre félicité : la religion dit au méchant le plus corrompu : " n’irrite point un dieu que tu ne connois pas ; mais si contre ses loix tu te livrois au crime, souviens-toi qu’il s’appaisera facilement ; va dans son temple, humilie-toi aux pieds de ses ministres, expie tes forfaits par des sacrifices, des offrandes, des pratiques & des prières : ces importantes cérémonies calmeront ta conscience, & te laveront aux yeux de l’éternel. "
Le citoyen, ou l’homme en société, n’est pas moins dépravé par la religion toujours en contradiction avec la saine politique. La nature dit à l’homme, tu es libre, nulle puissance sur la terre ne peut légitimement te priver de tes droits : la religion lui crie qu’il est un esclave condamné par son dieu à gémir toute sa vie sous la verge de fer de ses représentants. La nature dit à l’homme en société d’aimer la patrie qui le fit naître, de la servir fidélement, de s’unir d’intérêts avec elle contre tous ceux qui tenteroient de lui nuire : la religion lui ordonne d’obéir sans murmurer aux tyrans qui oppriment cette patrie, de les servir contre elle, de mériter leurs faveurs, d’enchaîner ses concitoyens sous leurs caprices déréglés. Cependant si le souverain n’est point assez dévoué à ses prêtres, la religion change aussitôt de langage ; elle crie aux sujets d’être rebelles, elle leur fait un devoir de resister à leur maître, elle leur crie qu’il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes. La nature dit aux princes qu’ils sont des hommes ; que ce n’est point leur fantaisie qui peut décider du juste & de l’injuste, que la vo-