Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/290

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ble que des ennemis ; que le plus cruel ennemi de l’homme est celui qui le trompe pour lui donner des fers ; que les fleaux les plus à craindre pour lui sont ces prêtres qui corrompent ses chefs & qui leur assurent au nom des dieux l’impunité de leurs crimes. Elle leur prouveroit que l’association est un malheur, sous des gouvernemens injustes, négligens, destructeurs.

Cette nature interrogée par les princes, leur apprendroit qu’ils sont des hommes, & non des dieux ; que leur pouvoir n’est dû qu’au consentement d’autres hommes ; qu’ils sont des citoyens chargés par d’autres citoyens de veiller à la sûreté de tous ; que les loix ne doivent être que les expressions de la volonté publique, & qu’il ne leur est jamais permis de contredire la nature, ou de traverser le but invariable de la société. Cette nature feroit sentir à ces monarques, que pour être vraiment grands & puissans, ils doivent commander à des ames nobles & vertueuses, & non à des ames également dégradées par le despotisme & la superstition. Cette nature apprendroit aux souverains, que pour être chéris de leurs sujets, ils doivent leur procurer les secours, & les faire jouir des biens qu’exigent les besoins de leur nature, les maintenir inviolablement dans la possession de leurs droits, dont ils ne sont que les défenseurs & les gardiens. Cette nature prouveroit à tout prince qui daigneroit la consulter, que ce n’est que par des bienfaits qu’on peut mériter l’amour & l’attachement des peuples, que l’oppression ne fait que des ennemis, que la violence ne procure qu’un pouvoir peu sûr, que la force ne peut conférer aucun droit légitime, & que des êtres essentiellement amoureux du bonheur, doivent finir