Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

& le raisonnement. Le paisible épicure n’a point troublé la Grèce : le poëme de Lucrèce n’a pas causé de guerres civiles à Rome. Bodin n’a point été l’auteur de la ligue. Les écrits de Spinosa n’ont pas excité en Hollande les mêmes troubles que les disputes de Gomar & d’Arminius. Hobbes n’a point fait répandre de sang en Angleterre, où de son tems le fanatisme religieux fit périr un roi sur l’échaffaud.

En un mot, on peut défier les ennemis de la raison humaine de citer un seul exemple qui prouve d’une façon décisive que des opinions purement philosophiques ou directement contraires à la religion, aient jamais causé du trouble dans un état. Les tumultes sont toujours venus des opinions théologiques, parce que les princes & les peuples se sont toujours follement imaginé devoir y prendre part. Il n’y a de dangereuse que cette vaine philosophie que les théologiens ont combinée avec leurs systêmes. C’est à la philosophie corrompue par les prêtres qu’il appartient de souffler le feu de la discorde, d’inviter les peuples à la rébellion, de faire couler des flots de sang. Il n’est point de question théologique qui n’ait fait des maux immenses aux hommes tandis que tous les écrits des athées, soit anciens soit modernes, n’ont jamais causé de mal qu’à leurs auteurs, que l’imposture toute puissante s’est souvent immolés.

Les principes de l’athéisme ne sont point faits pour le peuple, qui communément est sous la tutèle de ses prêtres ; ils ne sont point faits pour ces esprits frivoles & dissipés qui remplissent la société de leurs vices & de leur inutilité ; ils ne sont