Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/367

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE XIII

Des motifs qui portent à l’athéisme : ce systême peut-il être dangereux ? Peut-il être embrassé par le vulgaire ?

Ces réflexions & ces faits nous fourniront de quoi répondre à ceux qui nous demandent quel intérêt les hommes ont de ne point admettre un dieu ? Les tyrannies, les persécutions, les violences sans nombre que l’on exerce au nom de ce dieu, l’abrutissement & l’esclavage dans lesquels ses ministres plongent partout les peuples ; les disputes sanglantes que ce dieu fait éclore ; le nombre de malheureux dont son idée funeste remplit le monde, ne sont-ils donc point des motifs assez forts, assez intéressans pour déterminer tout homme sensible & capable de penser à examiner les titres d’un être qui fait tant de mal aux habitans de la terre ?

Un théiste, très estimable par ses talens, demande s’il peut y avoir d’autre cause que la mauvaise humeur qui puisse faire des athées ? [1] Oui, lui

  1. Voyez Mylord Schaftsbury dans sa lettre sur l’enthousiasme. Le D. Spencer dit que « c’est par une ruse du Démon, qui s’efforce de rendre la divinité haïssable, » qu’elle nous est représentée sous des traits révoltans, qui la rendent semblable à la tête de Méduse, ensorte que les hommes sont quelquefois forcés de se jeter dans l’Athéisme pour se débarrasser de ce démon fâcheux ». Mais l'on pourrait dire au D. Spencer que ce Démon qui s’efforce de rendre la divinité haïssable c’est l’intérêt du Clergé, qui fut en tout temps & en tout pays d’effrayer les hommes, pour en faire des Esclaves & des instrumens de leurs passions. Un Dieu qui ne ferait point trembler, ne serait d’aucune utilité pour les Prêtres.