Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/37

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apporté la sociabilité, l’agriculture, les arts, les loix, les dieux, les cultes & les opinions religieuses à des familles ou hordes encore éparses & non réunies en corps de nation. Ils adoucirent leurs mœurs, ils les rassemblèrent, ils leur apprirent à tirer parti de leurs forces, s’entre-aider mutuellement pour se procurer leurs besoins avec plus de facilité. En rendant ainsi leur existence plus heureuse, ils s’attirèrent leur amour & leur vénération, ils acquirent le droit de leur prescrire des opinions, ils leur firent adopter celles qu’ils avoient eux-mêmes inventées ou puisées dans les pays civilisés d’où ils étoient sortis. L’histoire nous montre les plus fameux législateurs comme des hommes qui, enrichis des connoissances utiles que l’on trouve au sein des nations policées, portèrent à des sauvages privés d’industrie & de secours, des arts que jusque là ceux-ci avoient ignorés. Tels ont été les Bacchus, les Orphées, les Triptolêmes, les Moïses, les Numas, les Zamolxis, en un mot les premiers qui donnèrent aux nations l’agriculture, les sciences, les divinités, les cultes, les mysteres, la théologie, la jurisprudence.

L’on demandera peut-être si les nations que nous voyons aujourd’huy rassemblées ont toutes été dispersées dans l’origine ? Nous dirons que cette dispersion peut avoir été produite à plusieurs reprises par les révolutions terribles dont, comme on a vu ci-devant, notre globe fut plus d’une fois le théatre, dans des tems si reculés que l’histoire n’a pu nous en transmettre les détails. Peut-être que les approches de plus d’une comete ont produit sur notre terre plusieurs ravages universels, qui ont à chaque fois anéanti la