Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/370

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pour n’y point tomber, l’homme qui pense mûrement se jettera dans les bras de la nature ; & c’est là seulement qu’il trouvera un asyle sûr contre toutes les chimeres inventées par le fanatisme, & l’imposture ; c’est là qu’il trouvera un port assûré contre les orages continuels que les idées surnaturelles produisent dans les esprits.

Le déiste ne manquera pas de lui dire que Dieu n’est point tel que la superstition le dépeint. Mais l’athée lui répondra que la superstition elle-même, & toutes les notions absurdes & nuisibles qu’elle fait naître, ne sont que des corollaires des principes obscurs & faux que l’on se fait de la divinité. Que son incompréhensibilité suffit pour autoriser les absurdités & les mystères incompréhensibles que l’on en dit, que ces absurdités mystérieuses découlent nécessairement d’une chimere absurde qui ne peut enfanter que d’autres chimeres, que l’imagination égarée des mortels fera incessamment pulluler. Il faut anéantir cette chimere fondamentale pour assûrer son repos, pour connoître ses vrais rapports & ses devoirs, pour se procurer la sérénité de l’ame sans laquelle il n’est point de bonheur sur la terre. Si le dieu du superstitieux est révoltant & lugubre, le dieu du théiste sera toujours un être contradictoire qui deviendra funeste, quand on voudra le méditer, ou dont l’imposture ne manquera pas tôt ou tard d’abuser. La nature seule & les vérités qu’elle nous découvre sont capables de donner à l’esprit & au cœur une assiette que le mensonge ne puisse point ébranler.

Répondons encore à ceux qui répétent sans cesse que l’intérêt des passions conduit seul à l’A-