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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/387

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souvent démontré la fausseté, que tant de personnes, très éclairées d’ailleurs, regardent comme impossible qu’une société d’athées pût longtems subsister. Il n’est point douteux qu’une société nombreuse qui n’auroit ni religion, ni morale, ni gouvernement, ni loix, ni éducation, ni principes ne pourroit se maintenir, & qu’elle ne feroit que rapprocher des êtres disposés à se nuire, ou des enfans qui suivroient en aveugles les impulsions les plus fâcheuses ; mais avec toute la religion du monde, les sociétés humaines ne sont-elles pas à-peu-près dans cet état ? Presque en tout pays les souverains ne sont-ils pas dans une guerre continuelle avec leurs sujets ? Ces sujets, en dépit de la religion & des notions terribles qu’elle leur donne de la divinité, ne sont-ils pas sans cesse occupés à se nuire réciproquement & à se rendre malheureux ? La religion elle-même & ses notions surnaturelles ne servent-elles pas sans cesse à flatter les passions & la vanité des souverains, & à attiser les feux de la discorde entre les citoyens divisés d’opinions ? Ces puissances infernales, que l’on suppose occupées du soin de nuire au genre-humain seroient-elles capables de produire de plus grands maux sur la terre que le fanatisme & les fureurs enfantées par la théologie ? En un mot des athées, rassemblés en société, quelque insensés qu’on les suppose, se conduiroient-ils entre eux d’une façon plus criminelle que ces superstitieux remplis de vices réels & de chimeres extravagantes, qui ne font depuis tant de siécles que se détruire & s’égorger sans raison & sans pitié ? On ne peut le prétendre ; au contraire on ose avancer très hardiment qu’une société d’athées privée de toute religion, gouvernée par de bonnes loix, formée par une bonne éducation, invitée à la