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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/410

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quiétudes qui te déchirent, ces tranſports qui t’agitent, ces haînes qui te ſéparent de l’homme que tu dois aimer. Rendu à la nature, à l’humanité, à toi même, répands des fleurs ſur la route de la vie ; ceſſe de contempler l’avenir ; vis pour toi, vis pour tes ſemblables ; déſcends dans ton intérieur ; conſidere enſuite les êtres ſenſibles qui t’environnent, & laiſſe là ces Dieux qui ne peuvent rien pour ta félicité. Jouis, & fais jouir des biens que j’ai mis en commun pour tous les enfans également ſortis de mon ſein ; aide les à ſupporter les maux auxquels le deſtin les a ſoumis comme toi même. J’approuve tes plaiſirs, lorſque ſans te nuire à toi-même, ils ne ſeront point funeſtes à tes freres, que j’ai rendus néceſſaires à ton propre bonheur. Ces plaiſirs te ſont permis, ſi tu en uſes dans cette juſte meſure que j’ai fixée moi-même. Sois donc heureux, ô homme ! La nature t’y convie, mais ſouviens toi que tu ne peux l’être tout ſeul ; j’invite au bonheur tous les mortels ainſi que toi, ce n’eſt qu’en les rendant heureux que tu le ſeras toi même ; tel eſt l’ordre du deſtin ; ſi tu tentois de t’y ſouſtraire, ſonge que la haine, la vengeance & le remords ſont toujours prêts à punir l’infraction de ſes décrets irrévocables.

Suis donc, ô homme ! dans quelque rang que tu te trouves, le plan qui t’eſt tracé pour obtenir le bonheur auquel tu peux prétendre. Que l’humanité ſenſible t’intéreſſe au ſort de l’homme ton ſemblable ; que ton cœur s’attendriſſe ſur les infortunes des autres ; que ta main généreuſe s’ouvre pour ſecourir le malheureux que ſon deſtin accable ; ſonge qu’il peut un jour t’accabler ainſi que lui ; reconnois donc que tout