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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/88

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rent écouter la nature & le bon sens que quand ils s’accordèrent par hazard avec les caprices de leur dieu, à qui l’on supposa le pouvoir d’anéantir les rapports invariables des êtres, de changer la raison en déraison, la justice en injustice, le crime même en vertu. Par une suite de ces idées l’homme religieux n’examine jamais les volontés & la conduite du despote céleste d’après les règles ordinaires ; tout inspiré qui lui viendra de sa part, & qui se prétendra chargé d’interpréter ses oracles, aura le droit de le rendre déraisonnable & criminel ; son premier devoir sera toujours d’obéir à Dieu sans murmurer.

Telles sont les conséquences fatales & nécessaires du caractère moral que l’on donne à la divinité, & de l’opinion qui persuade aux mortels qu’ils doivent obéir aveuglement au souverain absolu dont les volontés arbitraires & changeantes règlent tous les devoirs. Ceux qui ont eu les premiers le front de dire aux hommes qu’en matière de religion il ne leur étoit permis de consulter ni leur raison, ni les intérêts de la société, se sont évidemment proposés d’en faire les jouets ou les instrumens de leur propre méchanceté. C’est donc de cette erreur radicale que sont parties toutes les extravagances que les différentes religions ont apportées sur la terre, les fureurs sacrées qui l’ont ensanglantée, les persécutions inhumaines qui ont tant de fois désolé les nations, en un mot toutes ces horribles tragédies dont le nom du très haut fut la cause & le prétexte ici bas. Toutes les fois qu’on voulut rendre les hommes insociables, on leur cria que Dieu le vouloit ainsi. Ainsi les théologiens eux-mêmes ont pris soin de calomnier & de diffamer le phantôme qu’ils ont élevé