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ACTE TROISIÈME

Ayez pitié ! Je ne veux pas qu’il meure !
Aslar ! Ouvre les yeux, reviens à toi !… je pleure
Comme pleurait Caïn, rouge du sang d’Abel !
Grâce, pardonne-moi !… Non, c’est un jeu cruel !
Tu vis !… Tu vas me parler tout à l’heure !
Ce n’est pas vrai qu’on t’a tué… dis… n’est-ce pas ?
Regarde, c’est Mirko qui te tient dans ses bras.

Un silence.

Rien ! Rien !… Comment tarir cet affreux sang qui coule ?

Il arrache un lambeau de son vêtement et cherche à panser la blessure.

Ah ! C’est le flot vengeur qui m’inonde et me roule
Vers l’abîme ouvert qui m’attend !

Il se lève en se tordant les bras.

Ô mon frère, qui m’aimait tant !
Le noble cœur, l’âme si haute !
L’espoir, la force ! Ah ! Tout est perdu par ma faute !
Dieu ! Pourquoi suis-je né !

Il s’agenouille de nouveau, égaré.

Aslar ! Aslar !… Rien ! il est mort !

Se levant.

Aslar ! Aslar !… Rien ! il est mort ! Je suis damné !

Il tombe presque évanoui sur la poitrine d’Aslar. Silence au dehors, bruit de pas et de voix, sons de cor dans la montagne. Mirko lève la tête.

On vient ! Oui, tu seras vengée, ô ma victime !

Il se dresse, s’élance vivement vers le fond à droite, et crie avec des gestes désespérés.

À l’aide ! Compagnons, à l’aide ! Au meurtre ! Au crime !

Les hommes de la Montagne-Noire entrent précipitamment par les rochers, de tous côtés.